5 prédictions pour l'immobilier au Canada en 2021
10 jan. 2021Des hausses de prix inférieures à 10 %, des taux d’intérêt qui resteront au plancher et des occasions d’achat dans les copropriétés au centre-ville, telles sont les prédictions pour 2021 du fondateur de ratehub.ca, agrégateur des meilleurs taux d’intérêt offerts sur le marché.
James Laird, 36 ans, qui préside aussi le courtier hypothécaire CanWise, de Toronto, a accepté de nous donner des détails sur ses prédictions pour 2021. La Presse a aussi demandé une seconde opinion à Charles Brant, directeur, analyse de marché, à l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ) et ancien économiste d’Ivanhoé Cambridge, bras immobilier de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Hausse de prix à prévoir de 4 à 7 % au Canada
M. Laird croit que les bas taux d’intérêt contribueront à la hausse des prix de l’immobilier. La demande sera plus forte en banlieue, autour des grands centres urbains. Le télétravail incitera les acheteurs à vouloir de plus grandes propriétés. « La pandémie nous a fait réfléchir à notre milieu de vie. En y réfléchissant, les gens sont arrivés à la conclusion qu’ils voulaient quelque chose de différent et ont décidé de passer à l’action », a-t-il expliqué dans un entretien.
Cette prédiction est en tous points conforme aux prévisions de l’APCIQ pour 2021. L’association des courtiers prévoit une hausse du prix médian (prix qui coupe l’échantillon en deux parts égales) de 5 % dans l’ensemble du Québec, de 7 % dans la région montréalaise et de 5 % dans la région de la Capitale-Nationale.
Les taux à court terme resteront bas toute l’année
L’homme d’affaires avance que la Banque du Canada laissera inchangés ses taux directeurs, qui sont à 0,25 % depuis le 27 mars 2020. « Elle voudra laisser le temps à la campagne de vaccination de se terminer et aux indicateurs économiques de revenir au niveau prépandémie avant de faire quoi que ce soit », se risque-t-il à dire. Mais les taux négatifs ?, lui avons-nous demandé. « Ce serait la prochaine étape si jamais les mesures mises en place ne suffisent plus ou si la distribution des vaccins connaît des ratés », a-t-il répondu.
Aucune hausse de taux n’est donc à prévoir pour les emprunteurs qui ont des hypothèques à taux variable ou qui ont une marge de crédit hypothécaire, renchérit Charles Brant, de l’APCIQ.
Le prix des condos au centre-ville reculera
« C’est déjà commencé à Montréal », soutient M. Brant. De son côté, M. Laird y va de cette prédiction en raison de la chute de la demande causée par ces trois facteurs : l’absence des étudiants sur les campus des universités au centre-ville, la disparition de la demande pour des nuitées Airbnb et l’arrêt momentané du flux d’immigrants au pays. Selon lui, la baisse sera d’un maximum de 5 % et elle se concentrera dans la première partie de 2021. Bonne nouvelle, il est persuadé que les prix des condos repartiront vers le haut dès que les frontières rouvriront aux étrangers et que les étudiants retourneront sur les bancs d’école. « L’écart de prix entre les maisons et les condos deviendra important au point que les premiers acheteurs se rendront compte que les condos se vendent à prix d’aubaine. »
Les taux fixes remonteront avant la fin de l’année
À mesure que la vaccination fera sentir ses effets, soutiennent MM. Laird et Brant, l’optimisme reviendra en force dans l’économie, ce qui fera bouger légèrement vers le haut les taux obligataires de 10 ans, actuellement sous 1 %. Ceux-ci constituent le principal facteur dictant le niveau des taux hypothécaires fixes de long terme. « La Banque du Canada a fait un beau travail cette année en fournissant des liquidités quand le marché en avait bien besoin », a répondu M. Laird quand La Presse lui a demandé ce qu’il pensait des achats massifs d’obligations gouvernementales par la Banque du Canada.
Statu quo sur les règles d’emprunt
James Laird soutient que le gouvernement et les autorités attendront la reprise économique avant d’envisager d’introduire de nouvelles exigences en regard du financement hypothécaire. Au 1er juillet 2020, la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), société de la Couronne active dans l’assurance hypothécaire, a durci unilatéralement ses critères de souscription, une décision qui a surtout touché les premiers acheteurs.
Ce geste, qui avait causé la surprise dans l’industrie, n’a pas été suivi par les deux assureurs de prêts du secteur privé, une situation inhabituelle, selon M. Laird. « Le gouvernement adoptera une attitude attentiste, mais je ne serais pas surpris si les banques devenaient plus prudentes en 2021 », dit pour sa part Charles Brant.